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« Ils vont être surpris, c’est sûr ! », s’exclame Haider Ackermann, quelques jours avant l’annonce officielle de sa nomination au poste de directeur créatif de Canada Goose, la marque canadienne de parkas grand froid. « Ils », ce sont les « gens de la mode », son « milieu » comme il l’appelle, celui dans lequel il évolue avec succès depuis plus de vingt ans. Surpris, et pour cause. Depuis la mise en pause de sa marque, en 2020, le grand retour du designer se faisait attendre, mais qui aurait misé sur un tel binôme ?
Sur le papier, Canada Goose et Haider Ackermann, c’est un peu le choc des cultures. L’outerwear (« vêtements d’extérieur ») made in Canada à l’écusson bien distinctif versus l’esprit « couture parisienne », discrète et raffinée d’un esthète réputé pour son sens de la coupe. Disons qu’a priori Ackermann est plus proche d’Halston, de Grès et de Lanvin que des doudounes d’alpinistes.
C’est Dani Reiss, le président-directeur général de Canada Goose, qui a contacté le designer il y a six mois pour lui proposer le poste tout juste créé. « Je suis tombé des nues, j’ai été le premier étonné qu’il pense à moi. Mais j’aime bien quand les choses sont étranges, ça me rend encore plus curieux. J’ai compris que la marque avait besoin de prendre un nouveau virage et j’ai tout de suite adhéré à sa philosophie, nous explique Haider Ackermann, ce vendredi 10 mai, à la terrasse d’un café du 9e arrondissement de Paris, le quartier où il vit, tout de noir vêtu, petit foulard à pois glissé sous son col de chemise. Et puis, l’outerwear, c’est un vrai challenge pour moi et c’est toujours bien de pouvoir agrandir son panel d’expression. » Il s’interrompt et nous regarde de ses yeux noirs perçants, avant d’ajouter : « Continuer de surprendre, être là où on ne vous attend pas, c’est bien, non ? »
Né en Colombie, Haider Ackermann, 53 ans, a été adopté par des parents français originaires d’Alsace. Son père adoptif était cartographe et, enfant, il a beaucoup voyagé à travers l’Afrique, du Tchad à l’Ethiopie. Des souvenirs qui influenceront plus tard son esthétique. Les images des Touareg dans le désert se retrouveront dans ses subtils jeux de drapés et de tressages, ses silhouettes enveloppées dans les étoffes.
Attiré par la mode, il étudie à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, puis décroche son premier emploi, comme assistant, chez l’un de ses professeurs, le créateur belge Wim Neels, avant de travailler pour les designers Bernhard Willhelm ou encore Patrick Van Ommeslaeghe. Il lance sa marque en 2003, encouragé par Raf Simons, puis deviendra directeur artistique de la maison Berluti de 2016 à 2018. Un talent certain et un parcours qui lui valent une reconnaissance unanime dans l’industrie de la mode.
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